Etats-Unis : la menace du Parti du désordre
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Peut-on toujours compter sur les Etats-Unis d’Amérique ? La question se pose, après la tragicomédie du mardi 3 octobre, qui s’est achevée par l’éviction du « speaker » (président) républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, après la défection d’une poignée d’élus radicalisés. Ce qui est en jeu dépasse le sort d’un homme finalement dévoré par le tigre qu’il avait cru pouvoir chevaucher. Il s’agit du fonctionnement institutionnel de la première puissance mondiale, qui sera en panne de budget dans une quarantaine de jours. Il s’agit aussi de sa capacité à apporter à un pays agressé, l’Ukraine, une aide cruciale pour sa survie.
Elu à grand-peine en janvier au quinzième tour de scrutin, après avoir multiplié les concessions à l’aile se revendiquant la plus fidèle à l’ancien président Donald Trump, l’élu de Californie entrera dans l’histoire pour le passage le plus bref à cette fonction depuis 1876 et pour cette excommunication signifiée par une partie de ses propres troupes. Après avoir accepté l’ouverture d’une enquête en destitution contre le président Joe Biden sur des bases plus que fragiles et accablé de critiques les démocrates de la Chambre, il ne pouvait guère s’attendre à ce que ces derniers le sauvent.
Kevin McCarthy et son fossoyeur, l’élu de Floride Matt Gaetz, sont les visages de ce qu’est devenu le Parti républicain en moins de deux décennies, dès l’émergence en son sein du mouvement quasi insurrectionnel du Tea Party, en 2009, mû principalement par la haine de l’Etat fédéral. Le Grand Old Party s’est transformé un parti du désordre, agité par des purges justifiées par un souci de pureté idéologie qui masque souvent de pures ambitions personnelles, soumis à un Donald Trump qui croule sous les procédures judiciaires.
Dysfonctionnement démocratique
Compromis dans la tentative d’invalidation des résultats de la présidentielle de 2020 lors du vote qui avait suivi l’infamant assaut du Capitole par une horde trumpiste (une bonne centaine d’élus républicains de la Chambre avaient voté contre ces résultats), le Parti républicain s’est révélé incapable, Kevin McCarthy le premier, de rompre avec l’instigateur de ce chaos. Cette servilité n’a pas été payée en retour. Donald Trump a décidé aujourd’hui de s’asseoir sur le fonctionnement du parti en boudant les débats télévisés des primaires et en insultant avec la régularité d’un métronome ses adversaires conservateurs. On imagine quelle vertigineuse verticale du pouvoir il mettrait en place, sans même parler de son projet de purger l’Etat fédéral de tout élément jugé suspect, si les urnes lui étaient favorables en 2024.
Le soubassement de la crise républicaine est un dysfonctionnement démocratique qui se manifeste dans la centralité de primaires auxquelles seulement un électeur sur cinq participe, aux dépens des candidats les plus modérés. Cette dérive se vérifie dans des élections générales jouées d’avance dans environ 350 circonscriptions sur les 435 que compte la Chambre des représentants, autant du fait du charcutage électoral que de la cassure profonde des Etats-Unis en deux pays en désaccord sur tout, ou presque. L’impossible hégémonie d’un camp sur l’autre devrait forcer aux compromis, alors que la perspective de ces derniers est devenue un anathème.
Le champ de ruines qu’est devenue la Chambre des représentants ne peut qu’inquiéter les alliés des Etats-Unis et réjouir leurs adversaires. Ces adversaires peuvent compter sur l’aveuglement des républicains qui se prétendent patriotes.
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